mardi, 10 juillet 2007

Suisse.com

« Ca dépend des cantons ». Je ne crois pas qu’il existe de réponse plus suisse à la question d’un étranger qui s’intéresse à notre système. Cette phrase illustre à elle seul toute la subtilité de notre pays ; elle est un peu notre fierté, notre slogan national. Enfin pas toujours.
Il y a des domaines où le fédéralisme n’est pas ce merveilleux mécanisme qui permet à l’Etat d’être au plus proche du citoyen.

Hier, j’ai commandé un billet d’avion sur easyjet.com, j’ai payé des factures via yellownet.ch, j’ai loué un film sur dvd-fly.ch. Et je suis arrivé en retard au contrôle des habitants du Kreis 4, Stauffacher, 8004 Zurich. S’il est aujourd’hui simple de gérer l’essentiel de ses affaires grâce à Internet, l’administration reste encore très hermétique aux avantages indéniables du web.

Il est à mon avis grand temps de mettre en place une loi fédérale sur l’administration électronique. Nous ne tirons aucun avantage des différences cantonales dans le domaine : les grands cantons peuvent se permettre d’être à la pointe, les petits sont complètement dépassés. Appliquons cela aux communes qui effectuent une part immense de l’activité administrative et on comprend l’impossibilité de proposer au citoyen le fameux guichet virtuel. Un exemple ? Consulter le registre foncier genevois sur Internet est un jeu d’enfant : tapez une adresse, vous accédez à toutes les informations publique. Côté valaisan, vous aurez droit aux horaires d’ouverture et à l’adresse du bureau. Rien de plus. ge.ch 1 – vs.ch 0.

Je propose de donner le mandat à nos écoles polytechniques et à nos HES de construire une plate-forme que l’on imposera à tous les cantons. On ne peut pas décemment proposer 2’766 systèmes différents (soit 2’740 communes + 26 cantons) pour une tâche identique. La législature à venir doit être celle qui fera enfin entrer l’Etat dans l’ère de l’informatique. Aujourd’hui, là où même les livreurs de pizza excellent, l’Etat a une guerre de retard.

Jacques Attali riait de l’Etat français parce qu’il ne proposait qu’un seul service électronique : la déclaration fiscale. Et bien en Suisse, même cela n’est pas possible partout. Honte à nous, pays soi-disant à la pointe de l’informatique et autres bio, nano, ou micro technologies. Nous devrions être un exemple dans le domaine : pays de l’efficacité, de l’intelligence, de l’administration proche du public. C’est tout le contraire, à vouloir préserver des différences cantonales, on a pas osé utiliser CH.CH pour réformer à fonds l’administration. Ce qui devait devenir un guichet virtuel n’est en fait qu’un bottin de téléphone. Un bottin à 18 millions, tout de même.

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