vendredi, 16 février 2007

Armée et protection civile

Dix-sept ans après la chute du mur, l’armée est en réforme permanente et pose quelques malaises à la classe politique. Pour des motifs opposés, UDC et Socialistes se retrouvent alliés pour fusiller les propositions de Samuel Schmidt sans parvenir à trouver une nouvelle dynamique pour la grande muette.
La mue de notre défense nationale prend du temps ; avec Armée 95, puis Armée XXI, l’armée se cherche. Pendant 50 ans, l’ennemi était défini : les communistes. Seulement voilà, cet ennemi s’est transformé en l’espace de quelques mois en un ami qu’il fallait aider plutôt que combattre. Le budget de l’armée a ressenti ce changement : il a diminué depuis 1987 de 23%, soit beaucoup plus que la moyenne des autres départements fédéraux.

L’armée peine dans ces conditions à justifier son existence : la probabilité d’un conflit armé en Suisse ou de troubles civils intérieur est devenu si infime que beaucoup ne comprennent plus à quoi nous servent ces 4,5 milliards investis annuellement. Paradoxalement, le monde ne s’est pas pacifié pour autant : les guerres sont courantes aux quatre coins du monde et la menace terroriste plane sur les pensées, notre défense nationale paraît cependant bien mal structurée pour répondre à ce genre de problème.

Les politiciens se rendent bien compte que les tâches qui sont devenues prioritaires pour nos militaires ne sont plus de faire la guerre – ou de s’y préparer – mais de répondre à des problèmes civils. J’aimerais que les parlementaires aient le courage d’admettre que la conception classique de l’armée est dépassée. Les stratèges s’accordent à dire que les grandes batailles de chars sont révolues, et l’on continue néanmoins à vouloir investir dans une modernisation de nos tanks. Parallèlement, on refuse de fournir à l’armée des avions de transport qui seraient bien utiles pour nos missions de maintien de la paix à l’étranger.

Sachant que les catastrophes naturelles sont de plus en plus violentes et fréquentes et que l’armée est souvent appelée à la rescousse, on peut s’étonner que la protection civile reste un organe subalterne et moins bien structuré. La PC souffre aujourd’hui de graves problèmes d’organisation et de budget. On y envoie les recrue qui ne sont pas capables de servir alors que ceux sont elles qui vont probablement être mises à l’épreuve. En effet, on a vu ces dernières années plus de bâtiment s’effondrer et de conduite de gaz exploser que de conflits ouverts éclater. Je propose que l’on crée un troisième corps à l’armée – parallèle à l’armée de terre et à l’armée de l’air – qui serait la protection civile. Comme on l’a vu, la hiérarchie militaire se prête bien à la gestion de situation d’urgence et le nombre de soldats pouvant être engagés est un atout pour la protection de la population. Actuellement, en cas de glissement de terrain, ce sont les recrues « inaptes au service » qui viendront me sortir de la boue pendant que les meilleurs feront des pompes à Isone. Cette situation n’est sans doute pas la plus efficace pour répondre aux dangers contemporains.

Mon idée n’est pas que l’armée est inutile et qu’il faille s’en débarrasser. Elle traverse une crise identitaire compréhensible et je pense qu’il ne faut pas avoir peur de remettre en question ses fondements et ses objectifs. Les compagnies de grenadiers ou de parachutistes constituent à mes yeux des anachronismes. Le parlement aura du pain sur la planche durant la prochaine législature et j’espère que le débat ne se cristallisera plus autour de questions idéologiques.

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