vendredi, 16 février 2007

Pourquoi pas un prix unique du pain ?

La commission de l’économie du Conseil National a finalement décidé de légiférer en matière de prix du livre. L’évolution de la société ne plaît visiblement pas à tous et certains croient qu’il suffira de créer une loi pour protéger un commerce qui s’effondre.

Comment explique-t-on le fait que les petites librairies ne marchent plus aussi bien qu’auparavant ? La population suisse est une population de lecteurs en comparaison internationale, le nombre d’universitaires – population particulièrement susceptible de lire – croît année après année. Le budget des ménages augmente fortement pour les dépenses liées aux médias (lecture, musique, film, etc.). Mais quel est le problème ? Les grandes chaînes nous dit-on.

J’en conclu que le problème principal réside dans le fait que certains n’ont pas su s’adapter à l’évolution de la demande du consommateur et veulent un coup de main de l’Etat pour protéger une forme de commerce en perte de vitesse. Je suis client d’une petite ET d’une grande librairie. Je dois reconnaître que les services offerts par la « grande chaîne » pèsent lourd dans la balance: stock important, libraires disponibles, espace de lecture aménagés, personnel informé et vente en ligne. Mon libraire, lui, m’offre un service à haute valeur ajoutée : des conseils très personnalisés. Ces deux services sont complémentaires, mais je dois noter que la plupart des librairies que j’ai fréquenté n’arrivaient pas à la cheville des services fournis par Payot.
Face à internet et à Amazon, l’avantage premier d’une librairie est à mon avis le stock. L’immédiateté de l’achat, le fait de pouvoir entamer le premier chapitre de l’ouvrage quelques minutes après l’avoir acquis constitue ce qu’internet ne peut pas encore proposer. Dans ces conditions, une petite librairie au stock réduit n’a que peu de chances de me séduire : je préfère commander un livre qui arrivera chez moi trois jours plus tard que de devoir retourner dans le magasin du coin.

Cette concentration des espace de vente est le fruit du consommateur. Nous voulons un grand choix à des prix bas, ce que proposent les grandes chaînes. Le livre n’est pas le premier produit à subir cela : les épiceries de quartier ont quasiment disparu, les petits disquaires sont de plus en plus rares, les kiosks indépendants ne font plus le poids face à Relay. Je ne crois pas qu’une loi doive dire ce qui est bien ou mal pour le consommateur. Les commerces indépendants l’ont compris dans bien des domaines en offrant des services nouveaux : une qualité supérieure, des conseils avisés, un choix de produits rares, parmi d’autres.

Je ne fais pas partie de ces nostalgiques qui cherchent un caractère sacré dans le livre pour justifier une mesure complètement anachronique. Le livre est un produit comme un autre, vecteur de culture, oui, le disque et le journal aussi. La diversité de l’offre ne dépend pas du nombre de librairies mais de la demande du consommateur. Il est trop facile de mettre la faute sur le capitalisme pour expliquer la fin des petits commerces et brandir la menace de la mort de la culture est scandaleux. Payot était il n’y a pas si longtemps une petite librairie, ils ont simplement suivi l’évolution de la demande. Si les petites librairies ne sont pas capables de s’adapter au marché, elles n’ont sans doute plus leur place au XXI siècle. C’est dur, mais c’est ainsi que notre civilisation a toujours avancé.

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