vendredi, 16 février 2007

L'illusion de l'indépendance

J’ai encore entendu un ami vanter les mérites de l’indépendance de la Suisse face à l’Union européenne. Contrairement à lui, Je pense que cette indépendance relèvera gentiment du mythe si nous persistons dans notre voie solitaire, à croire que 450 millions de personnes sont des imbéciles et que nous, Sonderfall que nous sommes, détenons la vérité.

J’aime comparer la relation entre la Suisse et l’Europe à la relation qui existe entre le Lichtenstein et la Suisse. La Suisse est une espèce d’Europe miniature d’un point de vue géographique : 26 Etats, quatre langues, différentes cultures, régions économiques, et j’en passe. Avec 150 ans de retard, l’Union est confrontée à des problèmes majeurs que nous avons dû régler en 1848.

A côté de cette Union Helvétique se dresse un petit Etat indépendant, sur le papier du moins.

Le Lichtenstein peut constituer un gouvernement mais ses compétences sont assez limitées. La Poste, les Affaires Etrangères, la monnaie, l’armée, et j’en passe, sont des domaines qui sont complètement régis par la Confédération. Comparons maintenant la petite principauté à mon cher canton. Le Valais est un « petit Etat » de la Confédération, avec une représentation de seulement 9 parlementaires sur 246. Et bien, malgré sa petite taille, le Canton parvient tout de même à avoir une des représentations les plus en vue du pays, avec un président de parti national, deux conseillers fédéraux ou un catogan gueulard. Les Valaisans ont de l’influence, même s’ils sont rares. Maintenant, réfléchissons, quel est l’Etat le plus indépendant ? Celui qui peut prendre position le jour où la BNS demandera une dévaluation, ou celui qui ne pourra que regarder le Franc suisse perdre de sa valeur ? Je crois que la participation constitue une garantie d’indépendance.

Nous devons absolument éviter de devenir le Lichtenstein de l’Europe. Non pas que je n’aime pas ce micro Etat, mais parce que nous sommes trop grands pour nous contenter d’une place de suiveur dans la logique internationale. Je crains cependant que notre indépendance se réduise déjà comme peau de chagrin. Etudiant en droit, je constate que le terme « euro compatible » sort presque aussi souvent de la bouche du professeur que le principe de la protection de la bonne foi. Euro compatible, c’est quoi en pratique ? C’est simple : après de longs débats, nos parlementaires finissent par appliquer le papier carbone pour reprendre les directives de Bruxelles.
Le Luxembourg est sans doute un nain sur l’échiquier européen, mais il peut contribuer à l’élaboration des lois européenne et chercher un consensus. Nous, les Suisses, nous ne pouvons pas. Les Pays-Bas peuvent influencer la rédaction de la Constitution européenne, nous ne pourrons que la ratifier le jour où nous nous déciderons à adhérer. Chaque jour qui passe nous enlève un peu de notre marge de manœuvre sur la politique internationale et nationale. En d’autre termes, on appelle ça une perte d’indépendance. Progressivement, nous risquons de ne devenir que l’ombre de cette Europe politique qui avance, pas toujours au même rythme, mais qui avance quand même. Regardez, on peut déjà payer en euros dans presque toutes les grandes surfaces du pays, et même aux automates des T-L !

Certes, tous les malheurs prédits en 1992 ne se sont pas réalisés, tant mieux, nous pouvons réfléchir plus sereinement à une adhésion.
Du côté des partis politiques, l’ambiance européenne est sinistre. Personne - à part les opposants - n’osent aborder de front la question, et c’est bien dommage. Car l’adhésion est une question plus importante que l’AOC Fromage des Grisons. Malheureusement, il reste bien peu de politiciens suffisamment courageux pour défendre une idée à contre-courant.

Une grande majorité des intervenants de ce site sont des jeunes qui ne risquent pas leur carrière politique à défendre un sujet impopulaire. Profitons de cette plate-forme pour relancer le Grand débat de la décennie à venir !

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