vendredi, 16 février 2007

Si Georges Marshall était vivant

Formidable ! Une année après les bilatérales, le peuple suisse va repasser par la case votation pour un sujet européen, et, une fois de plus, c’est l’UDC qui le met sur le tapis.

Cette fois-ci, il ne s’agit pas de grandes déclarations, de traités internationaux ou de règlement sur la taille des tomes de chèvres, mais d’une question financière : faut-il contribuer au fond européen de cohésion à auteur de cent millions de francs par an et pendant dix ans ?
Quelle question… Bien sûr ! La Suisse peut se permettre un tel investissement et tous les indicateurs montrent que nous serons gagnants sur toute la ligne. Chaque année, nos échanges avec les dix nouveaux pays de l’Est nous enrichissent de quatorze fois ce que nous allons payer et la courbe n’a pas tendance à fléchir, bien au contraire.

Pour une fois, je ne vais cependant pas m’arrêter sur un argument économique, mais plutôt éthique. Qui se souvient comment l’Europe occidentale s’est relevée des cendres de 1945 ? Un certain Georges Marshall, ça vous dit quelque chose, messieurs Fehr ou Mörgerli, vous qui prétendez que nous ne devons rien aux dix nouveaux, que puisque « ze n’est pas dans la bilatéral » (à prononcer avec un fort accent zurichois), ? Nous avions la chance d’avoir un plus fort et plus riche que nous, de l’autre côté de l’Atlantique, et ce plus fort a investi des sommes colossales pour redresser la partie libérale du nouveau continent. 13,1 milliards de dollars de l’époque. Grâce à cette somme, l’Allemagne n’a pas mis 50 ans à se relever de son année zéro, l’économie européenne est bien repartie, pour le bien de tous.
Aujourd’hui, ce sont nous les américains de 1945. L’Europe de l’Est n’est jamais vraiment sortie de la seconde guerre mondiale : a peine terminée, la voilà colonisée par les Russes, les Rouges comme on disait à l’époque. Notre temps est venu, nous devons, comme les américains précédemment, nous montrer solidaires avec ceux qui se sont retrouvé du mauvais côté du rideau de fer.

J’espère que ce n’est pas la main sur le porte-monnaie que nous irons voter le 26 novembre, mais sur le cœur. Un milliard, ce n’est que le quart de ce que l’on va payer pour remplacer nos vieux Tigers de l’armée. ; mais pour les pays de l’Est, un milliard, c’est une route, une gare, un chemin de fer, peut-être la garantie de pouvoir créer des entreprises et des emplois. J’espère un bon oui à 80%, pour que les vieux radins-idéologues de l’UDC s’en souviennent mieux que du Plan Marshall.

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