vendredi, 16 février 2007

Il fait si chaud sur la banquise

On dirait que le monde s’est donné rendez-vous en automne 2006 pour (re)découvrir la réalité du réchauffement climatique. Le CO2 est bientôt plus médiatique que Nicolas Sarkozy: citons les numéros spéciaux de plusieurs magazines, le film de Al Gore et même, consécration absolue en Suisse romande, un 19:30 en entier. Malgré l’absence d’un événement nouveau d’importance, certains thèmes peuvent tout à coup, à priori sans raison particulière, redevenir une préoccupation majeure du moment. Espérons que cela durera plus que la canicule…

La Suisse a ratifié le protocole de Kyoto et doit prendre des mesures efficientes pour réduire sa production de gaz à effets de serre. Le parlement a introduit une taxe sur le CO2 dans ce but, je suis réservé quant au caractère efficace de la démarche. La taxe sur le CO2 touche sans distinction l’ensemble de la population sans tenir compte du quotidien des individus. Les familles, entre autres, s’acquitteront d’une taxe élevée sur le CO2 pour les frais de chauffage. Je doute en revanche que ceux qui roulent en Porsche Cayenne à Genève soient vraiment encouragés par le nouvel impôt à changer leur mode de vie.

Qu’il faille encourager le chauffage à bois, les économies d’énergie ou encore le ferroutage ne fait aucun doute. Je souhaite apporter ici le fruit d’une réflexion menée avec quelques amis. Sans doute que cette idée n’est ni nouvelle, ni révolutionnaire, mais elle mérite malgré tout d’être débattue. Je salue au passage le travail des jeunes verts qui s’engagent dans cette direction, avec une initiative à mon avis juste trop utopiste pour avoir une chance d’être un jour appliquée dans notre pays.

Imaginons que nous limitions l’importation de véhicules individuels selon leur consommation moyenne de carburant à une date déterminée. Par exemple, dès 2015, les automobiles neuves consommant plus de 5 litres aux 100 kilomètres ne pourront plus être commercialisées. Prenons ces chiffres à titre d’illustration : je ne suis pas compétent pour évaluer avec précision la date adéquate pour une limite de consommation idéale, d’autres s’en chargeront peut-être un jour.
Le consommateur ne sera que peu limité dans ses choix : le constructeur sera contraint de produire une gamme de véhicules moins polluants pour continuer à approvisionner le marché suisse (non négligeable soit dit en passant). A titre de comparaison, malgré les limites imposées sur les appareils générateurs de CFC, on se sert toujours de réfrigérateurs.
Nous pourrions sans doute assister à une vraie diminution de la production de CO2 au fur et à mesure de la rénovation du parc automobile. Le Conseil Fédéral serait ensuite amené à prendre contact avec d’autres pays, par exemple les pays scandinaves, réputés très sensibles aux questions climatiques, pour former une espèce de groupe de pression sur les constructeurs automobiles.

Cette formule trouvera ses adversaires parmi les conducteurs des véritables rhinocéros de l’automobile, comme les fameux Hummers, mais je crois que dans l’ensemble, la population a beaucoup à y gagner. L’économie ne serait que peu touchée (sans doute moins que par une taxe CO2) alors que LES économies d’énergie (et de pétrole) seraient de plus en plus fréquentes. A terme, de quinze ans en quinze ans, nous pourrons abaisser la limite pour que la technologie adapte nos véhicules aux besoins environnementaux.

Finalement, je pense qu’il s’agit d’une mesure - il en faudra d’autres évidemment - qui pourra diminuer sensiblement notre production de gaz à effet de serre sans constituer pour autant une grave atteinte aux libertés personnelles. Nous avons perdu trop de temps à nous questionner sur la nature véritable ou l’existence du réchauffement global. Il est temps de cesser de discuter et de passer à l’acte. Si le réchauffement est une réalité (ce qui fait de moins en moins de doute), nous aurons agi. S’il se révèle être une erreur, nous aurons au moins constitué des réserves d’énergie fossile pour l’avenir !

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